Une année d'Instruction En Famille






Il y a 10 mois nous commencions l'instruction en famille. Pas vraiment par hasard mais ce n'était pas un projet que nous avions à ce moment là.

Une année scolaire s'est écoulée depuis notre décision de retirer nos enfants de l'école où ils étaient scolarisés. Nous avons pris cette décision suite à un grand désarroi de nos enfants face à des institutrices croyant tout savoir, une école rétrograde et bornée, un système écrasant ceux qui ne rentrent pas dans les cases (oui, pour être très franche). Pour plusieurs raisons, nous n'avons pas cherché une autre école avec des instits plus ouverts et compétents, dont la principale: redonner confiance en eux à nos enfants dans leur capacité à apprendre et re-réveiller leur envie de savoirs (qu'ils avaient très fort avant de rentrer dans le système scolaire). L'envie aussi de leur faire comprendre que l'école/le scolaire n'est qu'une partie de la vie, qu'un passage, n'est pas une fin en soi, n'est là que pour les aiguiller sur certains apprentissages. Que leurs résultats dans ce domaine ne définissent absolument pas ce qu'ils sont en tant qu'être. Que quand on n'y arrive pas, qu'on ne sait pas, c'est juste qu'on n'a pas encore réussi, et que ça viendra un jour, si on en a besoin et envie. Qu'apprendre ça se fait partout, et finalement pas souvent assis sur une chaise. Que nous sommes tous différents et qu'on apprend différemment.

Il y a eu cette année des grands moments de joie. Quand mon fils a repris le goût d'apprendre et qu'ils s'est rendu compte qu'il était capable de lire tout seul, après que son ancienne instit l'ait affublé de "bébé qui ne saura jamais lire" - et oui, le poids des mots devant un enfant de 5 ans, visiblement, malgré ses "nombreuses années d'expériences", elle ne comprenait pas). Quand ma fille a fait des additions simples sans que je ne lui montre quoique ce soit. Quand on a appris ensemble sur les arbres et la géographie. Quand leurs dessins sont devenus spontanés et si détaillés. Et tellement encore...
Il y a aussi eu des moments difficiles. Pour moi, à ramer certains jours en me disant que mes objectifs étaient trop hauts, à m'épuiser avec deux enfants qui apprennent totalement différemment et un bébé qui a besoin de beaucoup de contact et d'attention. Pour eux, à ne pas avoir d'autre adulte relais pour les apprentissages lorsque je n'arrivais pas à trouver une autre façon de leur faire comprendre quelquechose ou que je manquais de patience à cause de la fatigue.

Mais, pour rien au monde, je ne regrette ces 10 mois !
Vivre ensemble, apprendre ensemble, grandir ensemble. Il n'y a rien de plus beau pour une famille.
Mon fils pourra dire qu'il a eu cette liberté de ne pas être allée à l'école, mais qu'en même temps il a bien plus appris qu'assis sur une chaise 6 ou 7h par jour. Il pourra dire que c'est sa maman qui lui a appris à lire. Il pourra avancer car il sait que les difficultés ont toujours une solution, que ceux qui réussissent sont ceux qui n'ont pas abandonné avant d'avoir réussi.






Ils sont heureux et ont beaucoup changé. Mes objectifs premiers sont atteints. Ils aiment de nouveau apprendre et savent qu'ils sont capables de tout. Mon aîné a confiance en lui en ce qui concerne ses apprentissages. Je suis tellement fière de mon Guerrier ! Je suis tellement fière de l'entendre lire le soir sous sa couette (alors qu'il devrait dormir, mais que pourrai je lui dire, je faisais la même chose à son âge – même si je ne lisais pas à voix haute ! Lol), de le voir compter le montant des courses, de bricoler avec un bout de bois, de nous faire part de ses reflexions sur des sujets très divers, d'être à l'aise avec toute personne quelquesoit son âge, ... Je suis tellement fière de voir son plaisir à apprendre, de voir son sourire quand il comprends un truc qui coinçait et dont il a trouvé la solution en persévérant (car c'est ça aussi que je voulais lui transmettre : aller jusqu'au bout!) ; fière de le voir avancer avec plaisir, de le voir surmonter les difficultés.


Je suis tellement fière de voir bien plus de sourires que de larmes sur son visage ! (et que ces dernières soient bien souvent le fruit de cascades en vélo...). De ne plus voir cette tristesse constante sur son visage, de ne plus sentir cette violence qui était arrivée en lui, contre lui et les autres. J'aime ses sourires, ses mimiques, sa spontanéité, sa réflexion, … Je suis tellement fière de le voir grandir heureux !

Je suis fière de ma grande fille qui a retrouvé le goût d'apprendre, qui n'assimile plus nouveaux apprentissages et contraintes, qui ne se limitent plus à l'âge des apprentissages que l'école donne. Elle cherche les chiffres partout pour savoir les plus grands possibles, elle écrit les mots qu'elle a envie (et même avec des fautes, c'est génial!), elle a demandé à apprendre à lire et elle va à son rythme (un jour oui, un jour non, et peu importe!).

Je suis aussi très fière de moi, d'y être arrivée ! Egalement vis a vis de notre famille, qui n'est pas bienveillante ni ouverte aux différences, qui pourtant construisent ce monde de demain dans lequel nous vivons, et qui a critiqué ouvertement nos décisions familiales.

Nous avons vécu sans réveil le matin, sans devoirs le soir. Nous sommes partis en vacances en dehors des vacances scolaires. Nous avons occupés tous nos weekend à vadrouiller, recevoir ou aller chez des amis puisque tout était organisé la semaine. Nous avons appris dans toutes les situations, autant les adultes que les enfants. Nous nous sommes retrouvés, au lieu de simplement nous croiser. Nous nous sommes construits des souvenirs forts.
Les enfants ont tissé un lien fort entre eux, qui restera dans l'histoire de leur fratrie, eux qui supportaient si mal le fait de ne plus se voir la journée, chacun dans sa classe, chacun dans une cour différente. Et la petite dernière a beaucoup appris au contact de ses aînés et notre trio magique a grandit ensemble.

J'ai attendu l'inspection pour faire le bilan de cette année pour mon grand qui était arrivé en CP avec un petit retard (qui était en train de se creuser puisque le rythme en classe est selon la programmation de l'instit et non des enfants). Le bilan est très positif. Un niveau de fin de CP, voir début CE1 selon les matière; un petit garçon très sociable et ouvert même avec les adultes. Et je suis très fière qu'on en soit arrivés là ! Ce n'était pas gagné, mais on a réussi ! On a réussi tous les deux. Avec le recul, je suis sûre et certaine que l'ief était la solution qui lui convenait (parce que quand on se lance, on a des doutes et certains jours, de gros doutes même).
Un double pari gagné, car il était important pour moi de suivre la progression de l'éducation nationale malgré tout, car cette année était une parenthèse.






En effet, nos futurs projets nécessitent que je retourne travailler, donc les enfants vont reprendre leurs apprentissages dans un cadre scolaire à la rentrée. C'est un choix que nous avons fait ensemble néanmoins. 
Les enfants ont demandé à aller à l'école pour voir d'autres enfants plus souvent. J'ai envie de leur offrir d'autres façons d'apprendre et une ouverture sur le monde qui demande un budget plus important que notre budget actuel. J'ai aussi envie d'être une maman différemment car ces derniers temps je suis épuisée par ce rythme sans aucune pause depuis des mois (pas de relais dans la famille pour de la garde et l'amoureux n'est pas pédagogue pour tout ce qui est apprentissage formel).
Alors, lors de notre projet d'acheter une maison, nous avons pris dans les cinq premiers critères les écoles aux alentours! Nous avons trouvé une petite école avec seulement deux classes. Un mélange des niveaux qui nous a plu tout de suite. Après un premier rendez-vous, nous avons aimé le fonctionnement de cette école: l'autonomie, l'entraide, des apprentissages différents, des pédagogies que nous avons utilisées et qui nous conviennent, une ambiance Freinet, l'apprentissage par l'expérience, ect… Les enfants ont fait une demie journée d'adaptation pour mettre derrière les angoisses de retourner à l'école (et se rendre compte que les instits gentilles ça existe) et ont hâte d'y retourner.

Alors nous avons ressorti le cartable qui n'a pas servi cette année, nous avons choisi de beaux crayons, et nous profitons de cet été pour se préparer doucement à cette rentrée prochaine!



(Mais je continuerai à partager nos découvertes et activités ici et surtout sur instagram, puisque nous avons prévu plein de choses pour cette nouvelle année scolaire, et que, puisque tout a un nom, nous ferons du co-schooling! - que j'appelai avant "ief ou presque") 

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