Il, elle, lui, vous, moi... et ce temps à partager.

Je n'ai pas une vie parfaite, pourtant je ne me plains pas. Et quand ça ne va pas, je me tais.
Je me tais car il y a pire. Pire que des administrations qui me compliquent la vie, pire que des gens qui parlent sur mon dos, pire que la famille qui n'en est pas une, pire qu'une facture imprévue, pire qu'un mal de gorge qui dure, pire qu'un lave vaisselle qui déborde, pire qu'un ordinateur qui bug, pire qu'un repas raté, pire qu'un problème de voiture…. Il y a pire et j'ai eu la chance à plusieurs reprises de passer très près de ce pire, que je ne peux pas me plaindre.
Je ne passe plus mon temps à m'engouffrer dans ces soucis, qui ne sont que des soucis, pas des problèmes. Je l'ai fait. A en oublier ma santé. A faire passer les autres avant moi. A douter, à culpabiliser, à me ronger. C'est terminé.
C'est terminé parce que aujourd'hui, là, maintenant, j'ai de la chance d'être en bonne santé, ainsi que le sont mes enfants et l'homme qui partage ma vie.
Oui, nous avons des petits soucis de santé, passagers ou permanents, mais pas vitaux. Oui, la vie n'est pas toute rose. Oui, il y a beaucoup de choses qui ne sont pas dues à la chance, mais au travail, à la persévérance, à des remises en question personnelles, à la patience. Oui, il y a eu des épreuves difficiles. Oui, je fait attention à beaucoup de choses 
pour limiter les risques.
Non, je ne suis pas née avec des facilités en poche. Je suis née dans un monde ni tout rose ni tout noir. Comme tout bébé, je suis un peu le fruit du hasard et des décisions d'autres personnes.
Et je pense à cette petite fille que la maladie a fait grandir trop vite, à cette maman qui angoisse en permanence, à cette femme qui fait des cauchemars toutes les nuits, à cet homme qui se sent prisonnier en lui, à ce petit garçon qui rêve de jouer dehors un jour, à ce bébé dont les pleurs ne sont pas écoutés, à ces parents qui vivent désormais avec un vide immense...
Je me dis que si chacun oubliait un peu ces soucis de la vie quotidienne, qui ne sont pas dramatiques, et tendait une main, une oreille attentive, un regard confiant, des bras rassurants. Que chacun aidait à sa façon, sans intrusion, sans inquisition. Juste une présence et un peu de ce temps précieux.
Alors ce monde un peu fou avancerait un peu mieux, plus ensemble.


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